La retraite, enfin, j'espère en profiter longtemps, très longtemps...

Au Việt Nam, ces ruraux exilés, mais courageux et durs à la tâche, sont généralement embauchés comme vendeurs sur les marchés, manutentionnaires, ou ouvriers sur les chantiers.
Ici, on les appelle des " Nhà quê ", ce qui signifie " Rustres ", " Paysans ", ou encore " Pèquenots ".



Ce terme, francisé en " Niakoué " et sans doute rapporté par les colons d'Indochine, de retour en France, y est utilisé de façon très péjorative, voire raciste, pour désigner les asiatiques en général.
Le mépris pour les populations rurales ne se limite pas aux personnes venues de l'étranger, il en est de même, pour les gens des provinces françaises, qui " montent " à Paris.
À la fin de mes études, les offres d'emploi étaient très rares, en Bretagne, à part dans des usines agro-alimentaires, au travail sans grand intérêt et aux salaires ridiculement bas.
La seule solution consistait donc à chercher du travail, dans une autre région, principalement à la capitale, comme l'avaient fait avant moi, de nombreux autres originaires de ma région, dont mes parents.
Cet exode massif des bretons, a débuté à la fin du 19 ème siècle, car n'arrivant plus à vivre de façon convenable, des revenus de leurs terres, nombre d'entre-eux décida de partir, dans l'espoir de se construire un meilleur avenir.
À cette époque, le chemin de fer désservant déjà toute la région, depuis Brest, Quimper, Nantes et Rennes, il était donc facile de rejoindre Paris.



À la veille de la première guerre mondiale, on estime à 200000, la population bretonne de Paris.
Certains d'entre-eux ne parlent pas français et sont considérés avec dédain, par les parisiens.
Ces paysans illettrés constituent néanmoins une main-d'œuvre bon marché, qui accepte les tâches les plus ingrates.
Les jeunes filles sont généralement embauchées comme servantes, chez des bourgeois.
Quand on demandait à ces bretons, d'où ils venaient, le nom de leur village commençait toujours par PLOU..., comme Plou-gastel, Plou-ganou, Plou-balay, Plou-guernével...
On compte, rien que dans le nord du Finistère et les Côtes du Nord... euh, pardon, les Côtes d'Armor ( je ne m'y ferai jamais ), plus de 70 localités dont le nom commence par PLOU, qui signifie " Paroisse ".
Alors, à Paris, les bretons sont surnommés les " Plou...cs ".
En 1905, un journal hebdomadaire, destiné aux petites filles, " La Semaine de Suzette ", va encore accentuer le sentiment de supériorité des citadins en répandant cette réputation de stupidité des bretons, dans toute la France, avec la publication d'une bande dessinée relatant les mésaventures de " Bécassine ", une maladroite petite boniche bretonne.



En juin 1939, la bêtise répondant généralement à la stupidité, trois " autonomistes " bretons ont détruit la statue en cire de Bécassine, exposée au célèbre Musée Grévin.



De nos jours, de nombreuses années après la chanson de Chantal Goya serinant " Bécassine, c'est ma cousine ", le calme est revenu sur ce personnage et son image est maintenant parfois utilisée pour mettre en valeur les " atouts " de la Bretagne.



Moi, cette Bécassine... je l'aime bien !..

Des jeux olympiques de Rio de Janeiro, en 2016, à ceux Tokyo 2020, qui pour cause de Covid-19 ont été repoussés et se sont déroulés entre le 23 juillet et le 8 août 2021, grâce à cet étendard agité au dessus de la foule, on peut régulièrement s'apercevoir que des supporters venus de Bretagne sont présents dans les gradins des stades.



Au Việt Nam, il existe plusieurs associations des bretons, dont la principale, appelée Kevredigezh Bretoned Bro Việt Nam ( Association des Bretons du Việt Nam ) et chaque année, au mois de mai, enfin en temps normal, quand le Covid-19 ne vient pas l'empêcher, la Gouel Breizh, ou fête de la Bretagne est célébrée, principalement à Hà Nội et Hồ Chí Minh ville.



Parfois un clin d'œil à ma région natale se glisse à un endroit totalement improbable.
En regardant le film " Moi, moche et méchant 2 " ( en anglais Despicable Me 2 ), lorsque Lucy se trouve dans l'avion qui l'emmène en Nouvelle Zélande, elle ouvre un magazine et la toute première chose que l'on peut apercevoir sur l'une des pages, c'est une photo publicitaire vantant les mérites du " Breizh Surf ", soit le surf sur les côtes bretonnes,



La présence de cette image, même très furtive, n'a pas échappé à mon regard acéré et l'un des avantages du numérique, est la possibilité de revenir immédiatement en arrière, lorsqu'on a loupé ou pas bien compris une scène.
C'est beau la technique.

À Sài Gòn, Hà Nội ou Nha Trang, cette année, il n'a donc pas encore été possible d'aller écouter de la musique bretonne, tout en dégustant une bonne crêpe arrosée de cidre.
Alors, pour célébrer quand même cette tradition, pour le petit-déjeuner, je me suis concocté ma petite " Gouel Breizh " personnelle, à la maison.
Un "Gwenn ha Du " ( le nom du drapeau breton, qui signifie " Blanc et Noir ", soit " Trắng và đen ", en vietnamien ), un far breton aux pruneaux fait maison et un bol de café au lait.



Vous remarquerez le bol breton obligatoire, pour déguster son café au lait quotidien... à défaut de cidre bouché.
Lors de notre voyage au Việt Nam, en 2009, mon copain Pascal avait remarqué l'absence de ces bols caractéristiques de notre région, j'ai alors décidé de réparer cet oubli et en 2010, j'en ai donc ramené pour toute la famille.



Ces authentiques bols estampillés " Céramiques de cornouaille ", ont fait un long voyage, pour arriver de Quimper jusqu'à l'autre boût du monde.



Avec Linh, c'est plus souvent de la soupe que du café ou du cidre, qu'ils contiennent.